Sans que cela soit particulier au département de Seine St-Denis, la question de la scolarisation reste une des plus sensibles, et des plus difficiles à inscrire dans les pratiques quotidiennes des Tsiganes / Gens du Voyage ; même si ces dernières tendent vers une évolution prometteuse. Le problème existe aussi pour les écoles souvent démunies quand se pose la question d’accueillir un groupe d’enfants issus du voyage. Le passage à l’écrit (lecture, écriture) pose des problèmes importants. Ces difficultés, de l’avis des pédagogues proviendraient en partie de la culture orale des familles de Tsiganes / Gens du Voyage, et d’une absence des « pré-requis » fortement mobilisés durant l’enseignement, due à la non scolarisation en maternelle. C’est pourquoi nos actions sont désormais davantage orientées vers le public jeune enfant, d’âge maternelle. Cependant, les équipes éducatives constatent souvent la vivacité et l’éveil de certains enfants de voyageurs. Malgré cette disponibilité, les rythmes scolaires leur sont pesants. En conséquence, ces enfants sont souvent en retard dans les apprentissages scolaires de base, décalés parfois de plusieurs années. Dans le même ordre d’idée, l’intégration scolaire se fait mieux en primaire qu’en secondaire : les réticences des familles par rapport au collège sont beaucoup plus fortes que vis-à-vis de l’enseignement primaire : « peur de la violence, de la drogue », mais peur également indirectement de la rupture culturelle par rapport au groupe d’origine et indirectement des mariages exogènes… En effet, dès la puberté les parents retirent leurs enfants du circuit scolaire pour les protéger.

Dans ces conditions, le recours au CNED est quasi systématique lors du passage en secondaire, et il tend aussi à se généraliser pour le primaire. Cette tendance s’explique par le contexte de la vie des enfants et les réalités vécues par les parents dans leur propre scolarité.

 

D’autre part, à l’école élémentaire, les parents identifient rapidement le chef d’établissement et l’enseignant auxquels l’enfant est confié, et des rapports de confiance peuvent s’instaurer. Au collège, de tels rapports sont beaucoup plus difficiles à nouer. Le fait « d’apprendre un métier », de « suivre une formation professionnelle » n’a pas beaucoup de sens pour les enfants des familles de Tsiganes / Gens du Voyage, car les métiers pratiqués ensuite sont souvent calqués sur ceux des parents. Ceci est cependant en évolution avec des demandes d’orientation de certains vers le salariat permanent ou intermittent.

 

Certaines communes ou écoles sont réticentes à l’inscription des enfants du voyage du fait de leur fréquentation aléatoire mais aussi du fait de la méconnaissance du public de la part des institutions.